Bien sûr que non” : à Biarritz, le patron du “Garage de la Négresse”, lui, ne changera pas le nom
Une décision qui divise ses habitants, comme le montre le reportage sur place du JT de TF1.
Le terme a beau avoir été jugé problématique par la justice, on peut encore le lire partout en arpentant le quartier de “la Négresse” à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), comme le montre le reportage du 13H de TF1 visible ci-dessus. Parce que la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux, enjoignant la municipalité à changer ce nom dans un délai de trois mois, date d’il y a 24 heures. Mais aussi parce que la maire (LR) de la commune, Maider Arosteguy, n’a pas dit son dernier mot. “Nous allons certainement utiliser la dernière procédure que la justice nous permet d’utiliser, qui est d’aller devant le Conseil d’Etat, annonce-t-elle au micro de TF1. Réduire ce nom à un terme raciste ou injurieux ne peut pas être la lecture qu’il reste.”
En attendant, Karfa Diallo, directeur et fondateur de l’association bordelaise requérante, Mémoires et Partages, débouté en première instance le 21 décembre 2023, considère la décision rendue en appel ce jeudi 6 février comme une authentique victoire : “C’est une décision historique ! Ça n’avait que trop duré. Pendant un siècle et demi, voire deux siècles, une femme, une femme noire a été jetée en pâture dans l’espace public français, dans l’espace public biarrot”, clamait-il au sortir de l’audience. En écho au jugement de la cour, selon lequel “quelles que soient l’origine de cette appellation, le terme ‘La Négresse’ évoque aujourd’hui, de façon dévalorisante, l’origine raciale d’une femme, de nature à porter atteinte à la dignité de la personne”.
Un terme d’origine gasconne ?
Sur place, les réactions des habitants interrogés par TF1 ce vendredi matin sont mitigées. “Quand les gens arrivent et qu’ils ne connaissent pas la région, en effet, ça doit choquer un peu”, estime une jeune femme. Alors que pour un retraité, “c’est une aberration complète, ça s’est toujours appelé comme ça et il n’y a pas de raison que ça change, je suis désolé mais ce n’est pas du tout raciste”. Un dernier avis partagé par Eddy Fluet, qui a racheté “le Garage de la Négresse” à sa belle-mère il y a quinze ans, sans y voir un autre lien que celui avec le nom du quartier : “Quand je l’ai acheté, ça ne m’a pas choqué du tout. Et quand je suis arrivé ici, connaissant l’historique, non plus. Si je compte changer le nom ? Bien sûr que non”, assume-t-il, droit dans ses bottes.
Le débat sur la provenance du nom “la Négresse”, du reste, n’a pas été tranché, loin de là. Pour beaucoup, il s’agit du surnom qu’avaient donné des soldats napoléoniens, de passage dans la région, à une aubergiste au début des années 1800. Mais selon Jean-Loup Ménochet, historien spécialiste de la ville de Biarritz, rien ne prouve qu’une femme noire ait vécu ici au XIXe siècle. “Lanegresse, en un mot, signifie lande d’argile en langue gasconne, dévoile le chercheur. Or, lande d’argile, c’est exactement le terrain sur lequel on se trouve. Ici, tout autour, il y avait des carrières, il y avait des briqueteries, il y avait des tuileries, il y avait des potiers…” Un argument sur lequel compte bien s’appuyer la mairie au prochain épisode du feuilleton.
